Le programme du présent objet peut être défini comme une compilation de la vie musicale espagnole sous la Renaissance. Cette musique aux charmes non dissimulés et empruntant toujours à la poésie reprend les tendances alors en vigueur. La formule clavier – ici l’orgue historique de Loris-en-Gâtinais dont la constitution est très proche de ceux de la Péninsule aux XVIe et XVIIe siècles – harpe, vihuela et percussion, étonne par son équilibre et son élégance. Dans un habile mélange de mystère et de pureté, on remarque bien évidemment la voix gutturale et mélancolique de Guillemette Laurens, mais aussi la très belle interprétation de l’ensemble Unda Maris qui témoigne d’une excellente compréhension de la musique ancienne. Avec une palette de timbres difficile à transcrire, cet enregistrement d’Aline Blondiau est un bon moyen de titiller ses enceintes sur le terrain de la cohérence du registre médium. La différenciation des deux instruments à cordes doit se faire sans réfléchir. Les attaques et les résonances qu’ils induisent doivent être parfaitement ressenties, tandis que le relief des jeux de l’orgue doit se faire justement apprécier. Si, à la même époque, Christophe Colomb travaillait à l’élargissement de nos horizons géographiques, aujourd’hui, la découverte de ce disque en tout point remarquable participe largement à l’extension de nos horizons musicaux.
T. HERVÉ - 05/2007