Lorsqu’on demande à Hopkinson Smith la raison pour laquelle il joue de la musique, l’intéressé répond : « Pour élever l’esprit ». Voilà, résumé en trois mots, ce qui attend le mélomane qui tentera l’écoute du nouveau disque de l’homme aux doigts magiques. Comme à son habitude, le luthiste new-yorkais nous sort le grand jeu. Fort d’une expérience aussi longue que fructueuse, en s’attaquant à la musique de Francesco da Milano – lequel fut surnommé Il Divino par la sublimité de ses improvisations – il mesure sans doute mieux que quiconque l’importance de l’enjeu. Véritable vedette en son temps, le Milanais était célèbre pour son extraordinaire virtuosité, mais aussi pour la complexité des textures de ses œuvres. Si son jeu est moins apaisé – moins cantabile – que celui de Paul O’Dette (Harmonia Mundi - 1994, voir ici), il s’exprime avec une souplesse d’articulation et une dynamique peu communes, de sorte qu’à aucun moment l’attention de l’auditeur ne se relâche. Si O’Dette fait figure de charmeur mélancolique, Smith adopte un profil un peu plus fantaisiste et sophistiqué : un comportement plus intense qui colle peut-être mieux à l’esprit de notre époque. Quand on pense que cette musique date de la Renaissance, ce n’est pas un mince exploit. Lorsque l’acte rejoint la parole.

T. HERVÉ - 01/2009