Alors qu’aujourd’hui le génie précoce de Mozart est de notoriété publique, seuls les mélomanes érudits connaissent les extraordinaires aptitudes juvéniles de Mendelssohn. Ne sont-elles d’ailleurs pas encore supérieures à celles de son prédécesseur, tant ses premières œuvres étaient déjà des coups de maître ? Né dans une famille riche et cultivée, il a grandi dans une atmosphère de rigueur et de travail, s’affirmant très tôt aussi bien dans littérature et la philosophie que dans le dessin et la peinture. Mais c’est la musique qui monopolisa le plus ses immenses prédispositions. Excellant dans la pratique de nombreux instruments, son attirance pour le clavier, et notamment pour l’orgue, l’amènera à lui dédier plusieurs compositions dont la totalité figure sur ce coffret de 3 CD, offerts au prix d’un seul. Dès lors, comment s’étonner de retrouver Olivier Vernet à la tête de ce remarquable projet, lorsque l’on sait qu’en 1992 il avait déjà brillamment enregistré à Masevaux (Alsace), les six Sonates, op. 65. Fort logiquement incorporée au sein de cette intégrale, cette réédition vient s’enrichir du reste de la production (connue à ce jour) du prodige allemand, avec en bonus et avec la complicité de Cédric Meckler, une transcription pour quatre mains du Songe d’une nuit d’été, où figure la fameuse Marche nuptiale. Cette fois, c’est sur un orgue de facture Aubertin de 2004 (reconstitution fidèle d’un orgue baroque préromantique allemand de 1750) qu’il a jeté son dévolu : celui de l’église Saint-Louis-en-l’Île, dans le 4e arrondissement de Paris. Inutile de vous rebattre les oreilles avec les éloges enthousiastes et les habituels dithyrambes. Cette musique ne se raconte pas, elle s’écoute, et c’est ce à quoi je vous invite toute affaire cessante. Sorti pour la commémoration du 15e anniversaire du label Ligia Digital, voilà donc un travail artistiquement et techniquement rondement mené. À coup sûr, les amateurs du genre s’empresseront de venir souffler les bougies.
T. HERVÉ - 10/2007