La Troisième Sonate en si mineur à peine entamée, les choses sont très claires : Dong-Hyek Lim n’a pas l’intention de se laisser enfermer dans la catégorie des pianistes prometteurs. Âgé seulement de vingt ans lors de cet enregistrement, ce jeune Coréen entend clairement démontrer que son niveau de jeu lui permet de postuler à celle des prodiges. Comment pourrait-il en être autrement ? Tout dans cet enregistrement consacré à Chopin témoigne d’une maturité incroyable. La gestion des émotions, le sens des liaisons, la maîtrise du souffle et la noblesse du toucher font penser aux plus grands interprètes ; ceux que l’on cite en référence. Parvenir à retranscrire l’esprit de cette musique avec la sensibilité qu’elle exige demande une bonne dose de « vécu » ; les débutants cherchant souvent à compenser ce manque par des effets plus ou moins trompeurs. Ici, ni supercherie ni coquetterie ; notre artiste est bien trop sagace et honnête pour cela. Ce qu’il nous sert, c’est un festin à tous les étages, et nous, pauvres mélomanes affamés, c’est la serviette autour du cou que l’on accompagne ce virtuose au pedigree déjà impressionnant. Comme pour lui rendre hommage, le preneur de son s’est dépassé. L’instrument est de bonnes proportions et sonne vrai. Ses timbres et sa dynamique sont bien respectés. Tous ces paramètres réunis nous valent une écoute intense et inoubliable. Incontestablement, un disque très impressionnant.

T. HERVÉ - 10/2007