Didier Castell-Jacomin est l’un des premiers artistes à enregistrer pour la nouvelle branche « classique » de Cristal Records : un label jusqu’ici inféodé au jazz et à la musique de film. C’est donc avec un intérêt tout particulier et, reconnaissons-le, avec une petite pointe d’inquiétude – même si l’artiste a depuis longtemps lié son nom à celui de Chopin –, que débute l’écoute de ce « Polonia ». Tout d’abord, c’est la qualité de l’enregistrement qui frappe de plein fouet l’auditeur. Effectué en directionnel et encodé en 24 bits/96 kHz selon le système labellisé DI-PRO, il nous offre un piano d’une proximité sensorielle et une crédibilité assez surprenante. Une fois passés les premiers moments d’étonnement, l’interprétation reprend ses droits en focalisant l’attention de toute aussi belle manière. Placée sous le signe de la confidence, elle s’approprie chaque courbe avec un style qui ne doit rien au hasard. De toute évidence, Didier Castell-Jacomin connaît son sujet  sur le bout des doigts. Quelle qu’en soit la tonalité, chaque pièce est abordée avec beaucoup d’humilité. Sans s’embarrasser de formules trop alambiquées, il travaille ses sonorités dans la plus grande transparence, et cela jusque dans les moindres silences. Modelé de la sorte, son Chopin est pudique, tendre, presque docile, mais non dénué de liberté. Tout juste, peut-on relever, çà et là, quelques petites manies dans le phrasé, mais qui ne portent pas à conséquence. Attiré par les circonvolutions de son programme, on passe ainsi, allègrement, d’une Polonaise à une Mazurka, d’une Mazurka à un Prélude, d’un Prélude à un Nocturne, d’un Nocturne à une Valse, et, comme pour mieux fermer la boucle, d’une Valse à une Polonaise avec la plus totale approbation. Nous avons là affaire à un pianiste au comportement des plus romantiques, alliant, de fait, le raffinement de ses convictions à l’effervescence de ses incertitudes. Pour ses premières longueurs dans le grand bassin, le label Cristal Records Classic peut être satisfait. À lui maintenant de travailler son endurance.

T. HERVÉ - 10/2009