Cheval de bataille des seuls violonistes virtuoses, le corpus des vingt-quatre Caprices de Nicolò Paganini est aussi l’un des piliers du répertoire pour violon seul. Pour la seconde fois dans sa carrière discographique, James Ehnes se risque à relever, non sans un certain courage, le défi lancé par la partition du maître génois. Ceux qui ont conservé en mémoire son premier enregistrement paru sur le label Telarc en 1995 – comment pourrait-ont l’avoir oublié ? – ne seront pas étonnés du niveau atteint par cette nouvelle publication. Certainement séduit par la capacité d’invention et par l’extrême fantaisie du compositeur, James Ehnes en épouse instantanément le caractère endiablé, espiègle ou alangui. Aussi, contrairement aux interprétations essentiellement guidées par le souci de la perfection, il ne calque pas son jeu sur une métrique trop rigide. Sans non plus aller trop loin dans la passion, la sonorité de son instrument – un Stradivarius « Marsick » de 1715 – est justement colorée et sans être tranchante, sa dynamique reste vigoureuse. Plus jongleur que funambule, son numéro fait davantage honneur à l’esthétique qu’à la prise de risque inconsidérée. En cela, notre artiste excelle, car il parvient à donner à chaque pièce une identité qui lui est propre, le tout baignant dans une atmosphère propice à l’émerveillement. Les mélomanes qui seraient jusqu’ici passés à côté de ces miniatures diaboliques ne doivent pas rater l’unique spectacle sonore que leur donne aujourd’hui le violoniste canadien. Il nous présente un Paganini de haut vol, la flamboyance du génie en plus.

T. HERVÉ - 02/2010