De tous les compositeurs qui œuvrèrent durant la première moitié du XVIIIe siècle, Louis Spohr était certainement l’un des plus doués. Né au nord de l’Allemagne en 1784, tout comme son contemporain Mendelssohn, il a grandi dans un environnement artistique et intellectuel qui le poussa, dès l’âge de cinq ans, à l’étude du violon. Très tôt acclamé comme soliste virtuose, il se lança alors avec avidité dans la composition, jusqu’à devenir après la mort de Weber en 1826 et celle de Beethoven en 1827, le chef de file des classico-romantiques. Si actuellement sa popularité ne dépasse pas le cercle des mélomanes avertis, la mise sur le marché de ce remarquable disque – le premier d’une Intégrale de son œuvre symphonique – risque bien de contribuer à changer les choses. L’écoute de ces trois numéros d’opus nous signale, à tout moment, que nous sommes en présence d’un musicien de goût et de talent. Sa musique peut aisément tirer vanité de ses lignes harmonieuses et de son allure séduisante tout autant que de ses aménagements mélodiques qui sont, à n’en point douter, à l’origine de sa popularité d’antan. Cette popularité réduite de nos jours à une peau de chagrin, peut néanmoins compter sur le fervent soutien de l’Orchestre philharmonique de la NDR et de son chef, le vaillant et inspiré Howard Griffiths. Leur interprétation, de très belle facture, emprunte à la rigueur formelle et harmonique du style classique, tout en lorgnant sérieusement sur les avancées rythmiques et passionnelles propres au style romantique. Voilà donc une initiative discographique fort bienvenue : une occasion unique de se rapprocher d’un compositeur et d’une musique qui, mieux que de la considération, méritent de regagner toute notre estime. Une occasion en or, cela va sans dire.

T. HERVÉ - 04/2008