Les deux uniques symphonies de Carl Maria von Weber furent composées à une époque charnière entre le classicisme et le romantisme. Cela étant, elles se reconnaissent davantage dans l’ère vieillissante que dans la naissante, s’accordant bien mieux avec l’héritage de Haydn qu’avec les prémonitions de Beethoven. Œuvres de jeunesse, elles surprennent par une construction un peu désordonnée : manifestement, les préoccupations du compositeur étaient ailleurs, s’attachant surtout à travailler le fond plutôt que la forme. D’ailleurs, cette volonté, si tant est qu’elle existe, est admirablement mise en valeur dans cet enregistrement. Claus Peter Flor parvient à extraire de ces partitions tout un ensemble de saveurs acoustiques, des plus élémentaires aux plus alambiquées, notamment celles contenues dans les sections mettant en avant les bois et les cuivres, l’articulation des cordes faisant merveille dans les passages rapides. Avec un orchestre taillé sur mesure, il réussit à créer une atmosphère généreuse et parfois facétieuse. D’une veine tout aussi peu romantique, l’unique mouvement du Concertstück, op. 79, confirme l’impression ressentie durant les deux premiers tiers du disque. Les musiciens du Wiener Concert-Verein, associés pour l’occasion au pianiste Florian Krumpöck, s’y plaisent et ils nous le font savoir. Tel un mécanisme parfaitement huilé, tout ici fonctionne à merveille, l’intensité des dialogues instrumentaux rappelant irrésistiblement les meilleurs moments des pages concertantes écrites par le compositeur allemand. Ce qui est peu dire. Assuré d’un traitement technique exceptionnel, ce disque mérite amplement que l’on s’y attache.

T. HERVÉ - 05/2008