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BEETHOVEN - Symphonies n° 4 et n° 6

LUDWIG VAN BEETHOVEN
(1770-1827)

Symphonie n° 4 en si bémol majeur, op. 60
Symphonie n° 6 en fa majeur, op. 68
« Pastorale »

Budapest Festival Orchestra
Iván Fischer (direction)

CHANNEL CLASSICS - CCS SA 30710 - (SACD)


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Trop souvent, on se plaît à attribuer les meilleures interprétations des symphonies de Beethoven à des orchestres mythiques publiés par des majors, alors que le disque nous propose régulièrement des alternatives tout aussi séduisantes. En voici une preuve parmi les plus convaincantes qui soient. Captée avec beaucoup de réalisme dans la nef du Palais des Arts de Budapest – un temple musical qui brille manifestement davantage par son acoustique que par son esthétique –, l’interprétation de ces deux symphonies résonne sans complexe au regard de ses plus illustres devancières, par exemple celles de Karajan (1977) et celles d’Abbado (1999-2000) – toutes les deux chez Deutsche Grammophon. D’une approche assez conventionnelle, dans le sens qu’elle s’applique à reproduire la musique plutôt qu’elle cherche à la modeler, la lecture d’Iván Fischer s’avère passionnante. Disposant d’un orchestre à l’aise dans tous les types de situation, le chef exploite au mieux sa pâte sonore et sa réceptivité, ceci dans une ambiance studieuse, mais sereine. Ainsi, dans le deuxième mouvement, l’Adagio de la Quatrième Symphonie – une œuvre quelque peu sous-estimée –, il sait, en quelques mesures seulement, grâce à sa conception du développement, établir un climat d’intériorité et le maintenir sans relâche. Sans trop de mordant, mais avec juste ce qu’il faut de pugnacité, sa lecture met en lumière ce qui donne à l’œuvre son caractère, à savoir sa vitalité, sa paisibilité et sa fraîcheur. De plus, que pourrions-nous espérer de plus « pastoral » pour la Sixième Symphonie, tant les thèmes qu’elle aborde sont ici évocateurs ? La pertinence musicale des phalanges hongroises débouche en permanence sur des phrasés aux contours bien dessinés. Là encore, le deuxième mouvement Andante molto moto, (Scène au bord du ruisseau) est très évocateur. En agissant subtilement sur les variations de tempos, la musique de Beethoven n’en est que plus vivante, plus essentielle. Dans les deux mouvements suivants, Allegro (Joyeuse assemblée de paysans et Tonnerre - Orage), jamais les rythmes ne deviennent mécaniques ni le ton agressif. Non, tout est dosé et sonne à merveille, à tel point que l’on se demande ce que l’on pourrait espérer que ce disque ne nous offre déjà. Entre le rêve et l’ivresse, moitié apollinien, moitié dionysien, voilà un Beethoven comme j’aime me l’imaginer.

T. HERVÉ - 04/2011