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Smetana - Má Vlast

BEDŘICH SMETANA
(1824-1884)

Má Vlast

Malaysian Philharmonic Orchestra
Claus Peter Flor (direction)

BIS - 1805 - (SACD)


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Entraîné dans le courant nationaliste qui marqua la musique du XIXe siècle, c’est à partir de 1874, alors qu’il vient d’être frappé par une surdité soudaine, que Bedřich Smetana s’attela à la composition de l’une des œuvres les plus emblématiques de la musique tchèque. Achevée en 1879, Má Vlast (Ma Patrie) s’articule autour de six poèmes symphoniques évoquant l’histoire et les paysages de sa terre natale, la Bohême. Malgré la domination des interprètes tchèques (la palme revenant sans nul doute à Rafael Kubelik, tant pour la fréquence que pour la valeur de ses enregistrements), il arrive parfois qu’un chef étranger y inscrive son nom d’une manière presque aussi triomphale. C’est l’exploit que réalise Claus Peter Flor, un Allemand, ex-disciple de l’honorable Kubelich. Tiens donc ! Contre toute attente, c’est avec un orchestre asiatique composé de musiciens de vingt-cinq nationalités différentes, le Malaysian Philharmonic Orchestra, qu’il nous brosse ces célèbres tableaux. Attentive aux contrastes et aux sonorités, sa gestion orchestrale est exemplaire dans le sens où elle permet à l’auditeur de rester en étroite relation avec le récit, cela durant toute sa durée et malgré sa longueur. Ainsi, sa volonté ne s’arrête pas aux épisodes anecdotiques ; elle s’étend à l’ensemble de l’œuvre, toutes les notes, qu’elles soient frémissantes ou explosives, étant traitées avec le même souci d’exigence. Même si la vision de Flor demeure sensiblement moins évocatrice – moins patriotique pourrait-on dire – que celles de son maître, elle ne nous épargne aucun détail, qu’il soit d’origine historique, héroïque, poétique ou pastorale. De légendes en panoramas, ce disque nous imprègne d’une musique tout aussi intemporelle qu’universelle. Si son impact n’est pas encore suffisant à faire tomber les statues tchèques, du moins remet-il en question l’exclusivité drapeautique du chef-d’œuvre de Smetana. Doté d’une prise de son qui ne cache rien de ses immenses qualités, il se place d’emblée dans le peloton de tête de la discographie.

T. HERVÉ - 05/2011