Si, en l’honorant de plusieurs prix, le milieu artistique a reconnu en Nicolas Altstaedt un violoncelliste talentueux, il restait cependant aux mélomanes à prendre intensément part à sa notoriété. Aussi, même si ses précédents enregistrements avaient déjà retenu l’attention des critiques, cette gravure des deux Concertos pour violoncelle de Haydn devrait le propulser vers davantage de lumière. Comment pourrait-on ne pas succomber à son style musical, à son jeu fluide et élégant ? Dans le Concerto en ut majeur – une œuvre de jeunesse –, sa virtuosité affiche dans le démonstratif premier mouvement une belle noblesse de ton, distinguée tout en étant décontractée. Lui faisant suite, l’Adagio est abordé avec un lyrisme et une délicatesse qui témoignent d’une grande sensibilité, tandis qu’en finale, l’Allegro molto est « expédié » avec une hardiesse échevelée. C’est dire si à l’écoute de l’éblouissant Concerto en ré majeur, le bonheur va grandissant ! Il serait vain d’en énumérer les motifs de satisfaction, tant ceux-ci sont nombreux, surtout que les musiciens de la Kammerakademie Potsdam sont redoutables d’efficacité. Sous la direction émérite de Michael Sanderling, ils alignent avec une belle motricité les sonorités souples et rondes, sans brutalité ni aucune crispation. Et puis, je n’ai pas envie de tout vous dire. Ce sera à vous de découvrir le reste, car vous l’aurez compris, ce disque ne doit pas vous échapper. En plus, l’ingénieur du son s’est particulièrement impliqué dans sa mission. Avec peu de micros, la prise de son est plus globale qu’analytique. La balance soliste/orchestre est juste, tout comme l’est l’acoustique de la Jesus-Christus-Kirche de Berlin qui nous offre de beaux espaces, surtout en largeur. Simple et naturelle, elle ravira les mélomanes habitués à la dimension des concerts.
T. HERVÉ - 09/2009