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CHOSTAKOVITCH - Symphonies n° 2 et 11

DIMITRI CHOSTAKOVITCH
(1906-1975)

Symphonie n° 2 en si majeur « Octobre »
Symphonie n° 11 en sol mineur « L'année 1905 »

Mariinsky Orchestra and Chorus
Valery Gergiev (direction)

MARIINSKY - MAR0507 - (SACD)


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Tout comme Bruckner et Mahler, il n’y a qu’une trentaine d’années que Chostakovitch s’est imposé au public. Depuis, comme si le passé devait être à tout prix rattrapé, presque tous les orchestres symphoniques disposant de l’effectif nécessaire à son interprétation l’inscrivent à leur répertoire. Phénomène de mode ou réel engouement pour les œuvres de celui qui s’opposa intellectuellement à Staline, ce que les publications récentes nous enseignent, c’est qu’en la matière certains s’en sortent mieux que d’autres. Aussi, parmi les intégrales en cours, celle de Valery Gergiev s’avère être comme l’une des plus pertinentes, autant pour la justesse de ses exécutions que pour la précision de ses enregistrements. À la tête d’une formation taillée sur mesure (l’Orchestre Marïïnsky n’est autre que l’ancien Orchestre du Kirov), le charismatique chef russe se penche, comme pour son disque précédent (voir ici), sur deux partitions dont la durée et le style sont en parfaite opposition. Commandée par les dirigeants de l’ancienne URSS pour la célébration du dixième anniversaire de la Révolution d’octobre 1917, la Symphonie no 2 se présente comme une courte illustration expérimentale de son époque. Plus curieuse que captivante – l’absence d’émotion n’étant pas étrangère à cela –, son caractère industriel et propagandiste trouve néanmoins dans cette interprétation une aura plus que favorable. Moins marginale, la Symphonie n° 11 est plus présente dans nos esprits. Composée en 1957, elle retrace les événements meurtriers qui eurent lieu à Saint-Pétersbourg le 22 janvier 1905, lorsque les troupes du tsar Nicolas II se mirent à tirer sur une foule de manifestants pacifiques, faisant ainsi plusieurs centaines de morts. Traitée à la manière d’un thème cinématographique, l’œuvre est par conséquent très imagée. Aussi, l’écoute de ce disque nous apprend que Valery Gergiev est un bon réalisateur, même si dans ce contexte, ce n’est pas tout à fait le meilleur. Cela dit, chaque scène est reproduite avec une bonne crédibilité chronologique : le froid glacial, le calme oppressant, la foule s’approchant du palais du Tsar, la fusillade, le silence et la lamentation funèbre ; le finale, quant à lui s’affirmant comme la promesse d’une victoire prochaine du peuple sur l’oppresseur. Fin observateur, mais aussi acteur de l’évolution de son pays, le maestro nous donne là une version des événements fort respectable et vraisemblable, à défaut d’être historique. En tenant compte que ces deux Symphonies ne sont pas, à mon avis, des jalons essentiels de l’œuvre de Chostakovitch – bien que l’écoute de la Onzième reste une expérience inoubliable –, ce disque s’adresse prioritairement aux discophiles dont les étagères sont déjà bien remplies.

T. HERVÉ - 02/2011